Journée sur l’équité et la discrimination en assurance
Workshop on fairness and discrimination in insurance

13 mai 2022, 8h45 à 16h | En mode hybride

Cette journée sur l’équité et la discrimination en assurance s’est tenue simultanément en ligne et à l’Université Laval le 13 mai 2022. La plupart des présentations seront en français, mais quelques-unes seront en anglais.

Avec un heureux mélange de présentateurs de l’industrie, de chercheurs et d’associations professionnelles, nun tour d’horizon du concept d’équité en assurance a été réalisé. Des échanges sur la recherche récente concernant les modèles de tarification sans discrimination, avec un point de vue actuariel et québécois ont également été menés.

Que vous soyez un praticien dans l’industrie de l’assurance, un étudiant ou un chercheur en actuariat, ce workshop était pour vous!

Conférenciers principaux: Andreas Tsanakas (Bayes Business School) et Laurence Barry (Chaire PARI)

Programme de la journée

Avant-midi

8h45 à 9h
Mot de bienvenue
Marie-Pier Côté, titulaire, Chaire de leadership en enseignement en analyse de données massives pour l’actuariat – Intact, Université Laval

9h à 9h30
Conférence – Bias and Fairness: Laying the Foundation for the Path Forward on Race and Insurance (en anglais)
Mallika Bender, FCAS, MAAA – Diversity, Equity & Inclusion Staff Actuary – Casualty Actuarial Society

9h30 à 10h30
Conférence – Quelque chose de neuf, quelque chose de vieux : discrimination et biais en assurance
Laurence Barry, co-titulaire, Chaire PARI (Programme de recherche sur l’Appréhension des Risques et des Incertitudes)

10h30 à 11h
Pause

11h à 12h
Conférence – Discrimination-Free Insurance Pricing (en anglais)
Andreas Tsanakas, professor or Risk Management, Bayes Business School

Après-midi

13h30 à 14h
Conférence – Équité en assurance: revue des modèles non discriminatoires selon une variable sensible spécifiée
Olivier Côté, étudiant à la maîtrise en actuariat, Université Laval

14h à 14h30
Conférence – Les assurances et l’interdiction de discrimination au Québec
Me Marie Carpentier, conseillère juridique à la Direction de la recherche, Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse

14h30 à 15h
Pause

15h à 15h30
Conférence – Les défis dans la mise en place d’un cadre de valorisation responsable des données en entreprise
Véronique Tremblay, scientifique de données, Beneva

15h30 à 16h
Conférence – Vers la création de modèles de tarification équitables
Alex St-Jean, scientifique de données, Beneva

Diaporamas des conférenciers et conférencières (PDF)

À propos des conférencières et conférenciers

Laurence Barry, co-titulaire, chaire PARI (Programme de recherche sur l’Appréhension des Risques et des Incertitudes)

Ancienne élève de l’Ecole polytechnique, statisticienne économiste de l’ENSAE et actuaire qualifiée, Laurence Barry est également titulaire d’un doctorat de sciences politiques. Elle est aujourd’hui co-titulaire de la chaire PARI (Programme de recherche sur l’Appréhension des Risques et des Incertitudes) et mène de front des projets académiques et de conseil en actuariat.

Ses recherches portent sur les transformations de la rationalité moderne et plus récemment sa mutation algorithmique.

Mallika Bender, FCAS, MAAA – Diversity, Equity & Inclusion Staff Actuary – Casualty Actuarial Society

Mallika Bender is a Fellow of the Casualty Actuarial Society (CAS) and the Diversity, Equity & Inclusion (DE&I) Staff Actuary for the CAS, where she leads initiatives to enhance diversity within the profession and manages the CAS Approach to Race and Insurance Pricing. Prior to joining the CAS, she spent thirteen years in traditional Property & Casualty actuarial roles performing a range of functions, including pricing, reserving and predictive modeling, in support of Personal, Commercial and Specialty insurance lines in the United States and Australia. Mallika holds a Bachelor of Science in Applied Statistics from American University and lives in Philadelphia, PA.

Me Marie Carpentier, conseillère juridique à la Direction de la recherche, Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse

Marie Carpentier est conseillère juridique à la Direction de la recherche de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) depuis une douzaine d’années. Membre du Barreau et titulaire d’une maîtrise en droit international, elle est doctorante à l’UQÀM et chargée de cours à l’Université de Montréal. Elle s’intéresse notamment à la question du droit à l’exercice, en pleine égalité, des droits et libertés tels que garantis par la Charte des droits et libertés de la personne dans les contrats d’assurance ou de rente, les régimes d’avantage sociaux ou de retraite. Elle étudie également les effets du recours à des systèmes d’intelligence artificielle sur les droits et libertés. 

Marie-Pier Côté, titulaire, Chaire de leadership en enseignement en analyse de données massives pour l’actuariat – Intact, Université Laval

Marie-Pier Côté est professeure à l’École d’actuariat de l’Université Laval, Fellow de la Society of Actuaries et titulaire de la Chaire de leadership en enseignement en analyse de données massives pour l’actuariat – Intact. Professeure Côté détient une maîtrise (2014) et un doctorat (2018) en statistique de l’Université McGill.

Ses travaux de recherche portent, entre autres, sur la modélisation statistique de la dépendance entre les risques d’assurance et sur le développement de modèles d’apprentissage statistique pour la tarification et les réserves en assurance générale. 

Véronique Tremblay, scientifique de données, Beneva

Détentrice d’une maîtrise en statistique de l’Université Laval, Véronique cumule plus d’une dizaine d’années d’expérience en statistique et en science des données. Elle a travaillé dans le secteur public, en recherche marketing ainsi qu’en assurance, en plus d’avoir offert des services de consultation à une grande diversité d’entreprises, de la start up en acquisition de talents à la grande institution financière. Ses expériences l’ont amenée à une réflexion sur les questions entourant l’éthique de l’utilisation des modèles en entreprise. Elle est actuellement responsable du positionnement pour une valorisation responsable des données chez Beneva, où elle occupe un poste de scientifique de données et de chercheuse principale dans l’équipe dédiée à la recherche et à l’intelligence artificielle. 

Andreas Tsanakas, professor of Risk Management, Bayes Business School

Andreas Tsanakas joined the Business School in 2006. Previously he spent six years at Lloyd’s. Andreas studied Electrical and Computer Engineering at the University of Patras, Greece. He has an MSc in Control Systems from Imperial College London and an MA in Modern German Studies from Birkbeck College. He carried out his doctoral research at Imperial College London.

Andreas’ research interests are in quantitative risk management, with particular focus on portfolio risk measurement, sensitivity analysis, capital allocation and model uncertainty. 

Alex St-Jean, scientifique de données, Beneva

Détenteur d’un baccalauréat et d’une maîtrise en informatique de l’Université Laval, Alex St-Jean cumule plus de cinq ans d’expérience dans les domaines de la programmation, de l’ingénierie des données et de la science des données. Il occupe actuellement un poste de scientifique de données dans l’équipe dédiée à la recherche et à l’intelligence artificielle chez Beneva, où il accélère l’adoption et l’intégration de méthodes récentes d’apprentissage machine. À travers ses travaux de maîtrise, il a pu collaborer avec des équipes d’actuaires dans le but de créer des modèles performants et équitables, tout en mettant l’accent sur les applications pratiques de ces méthodes.

Olivier Côté, étudiant à la maîtrise en actuariat, Université Laval

Ayant complété un baccalauréat en actuariat à l’Université Laval avec trois stages chez Desjardins Groupe d’Assurances générales, Olivier étudie actuellement à la maitrise avec mémoire en actuariat à l’Université Laval. Il est récipiendaire de la bourse CAS Trust Scholarship 2021 remise par la Casualty Actuarial Society et de la  Bourse d’études supérieures du Canada Alexander-Graham-Bell. Il est supervisé par Marie-Pier Côté (Université Laval) et Arthur Charpentier (Université du Québec à Montréal) .

Ses intérêts de recherches sont l’enjeu de la discrimination indirecte en assurance générale et l’apprentissage automatique.

Résumé des conférences

Bias and Fairness: Laying the Foundation for the Path Forward on Race and Insurance (Mallika Bender)

As the insurance industry focuses attention on potential racial bias across all practice areas, actuaries are being called to understand and assess the issues and develop solutions. This session will provide an overview of four new research papers commissioned as part of the Casualty Actuarial Society’s Approach to Race and Insurance Pricing. Defining Discrimination in Insurance presents key terminology being used in the industry debate on race and insurance, such as protected class, fair and unfair discrimination, proxy discrimination and disparate impact. Methods for Quantifying Discriminatory Effects on Protected Classes in Insurance explores the issue of disparate impact and compares several potential statistical methods that actuaries can apply to measure fairness in the context of insurance rating. Approaches to Address Racial Bias in Financial Services: Lessons for the Insurance Industry provides insight into issues of racial bias in lending practices for financial services. Understanding Potential Influences of Racial Bias on P&C Insurance: Four Rating Factors Explored examines how rating factors and the data underlying insurance pricing models may be impacted by racially biased policies and practices outside of insurance. 

 

Équité en assurance : revue des modèles non discriminatoires selon une variable sensible spécifiée (Olivier Côté)

Alors qu’un actuaire est appelé à quantifier des risques le plus précisément possible, l’environnement dans lequel les risques peuvent se réaliser évolue énormément.  Qu’il soit question des données massives ou de l’apprentissage automatique, les ressources disponibles pour quantifier ces risques changent encore plus rapidement. Depuis longtemps, les assureurs préfèrent ne pas inclure dans leur tarification certaines variables considérées comme sensibles, que ce soit pour respecter les lois, par soucis éthiques ou pour éviter le risque réputationnel. Toutefois, le risque de discriminer indirectement sur les variables sensibles est plus présent que jamais avec les outils sophistiqués qui sont disponibles pour la modélisation.  La présentation fera une revue des méthodologies existantes pour éliminer ou limiter la discrimination indirecte sur des variables sensibles. Les approches présentées permettent de faire usage de toutes les variables autorisées tout en contrôlant pour la discrimination indirecte qui pourrait survenir à travers une variable sensible. Cette revue permettra à l’auditoire d’avoir une bonne idée des recherches récentes faites sur le sujet.

 

Les défis dans la mise en place d’un cadre de valorisation responsable des données en entreprise (Véronique Tremblay)

Si l’utilisation de modèles en actuariat n’a rien de nouveau, la récente montée en popularité de l’intelligence artificielle et des questionnements éthiques qui y sont associés force les acteurs du milieu de l’assurance à se requestionner sur la façon de les concevoir et de les utiliser. Centrée sur une perspective de l’industrie, cette présentation s’articulera autour des principaux défis rencontrés lors de la mise en place d’un cadre éthique concrètement applicable en industrie.  Les défis tournent autour de cinq grands thèmes : la sensibilisation et les mythes à déconstruire, le choix d’une posture éthique, le piège de l’«ethic washing», l’évaluation de l’acceptabilité sociale et l’anti-sélection et enfin, la création de modèles adaptés à la posture éthique choisie. La description de ces défis sera accompagnée de quelques pistes de solution basées à la fois sur l’expérience pratique et la littérature universitaire.

 

Vers la création de modèles de tarification équitables (Alex St-Jean)

La tarification est l’une des pièces centrales dans le monde des sciences actuarielles. En utilisant des données sur les historiques des clients et en optimisant des modèles statistiques, les actuaires peuvent prévoir, dans une certaine mesure, le montant qu’un client réclamera durant une certaine période. Cependant, ces modèles utilisent souvent des données sensibles reliées au client qui sont considérées comme étant des facteurs de risque très importants dans la prédiction de pertes futures. Ceci est considéré comme étant légal dans plusieurs juridictions tant que leur utilisation est supportée par des données actuarielles, car ces attributs permettent aux clients d’obtenir une prime plus précise. Toutefois, comme soulevé dans la littérature récente en apprentissage machine, ces modèles peuvent cacher des biais qui les rendent potentiellement discriminants envers certains groupes. 

Dans cette présentation, nous proposons un modèle de tarification utilisant des avancées récentes provenant du domaine de l’apprentissage machine pour assurer que ces algorithmes ne discriminent pas disproportionnellement envers certains sous-groupes faisant partie de l’intersection de plusieurs attributs protégés, tel que l’âge, la race, la religion et l’état civil. Pour ce faire, nous étudions les perspectives actuarielles et légales sur l’équité, tout en tentant de les concilier dans une seule métrique dans le but de quantifier l’iniquité dans les modèles de tarification. Ensuite, nous définissons une fonction de perte adaptée à cette métrique, ainsi qu’une façon d’optimiser celle-ci. Finalement, nous appliquons l’ensemble des méthodes établies précédemment sur un ensemble de données réels, démontrant l’amélioration de l’équité du modèle, tout en ayant une faible incidence sur l’exactitude de celui-ci.

 

Discrimination-Free Insurance Pricing (Andreas Tsanakas)

We consider the following question: given information on individual policyholder characteristics, how can we ensure that insurance prices do not discriminate with respect to protected characteristics, such as gender? We address the issues of direct and indirect discrimination, the latter resulting from implicit learning of protected characteristics from nonprotected ones. We provide rigorous mathematical definitions for direct and indirect discrimination, and we introduce a simple formula for discrimination-free pricing, that avoids both direct and indirect discrimination. Our formula works in any statistical model. We demonstrate its application on a health insurance example, using a state-of-the-art generalized linear model and a neural network regression model. An important conclusion is that discrimination-free pricing in general requires collection of policyholders’ discriminatory characteristics, posing potential challenges in relation to policyholder’s privacy concerns. This is joint work with M. Lindholm, R. Richman and M.V. Wüthrich.

 

Quelque chose de neuf, quelque chose de vieux : discrimination et biais en assurance (Laurence Barry)

Depuis le début de leur histoire, les assureurs sont réputés utiliser des données pour classer et tarifer les risques. A ce titre, ils ont été assez tôt confrontés aux problèmes d’équité et de discrimination associées aux données. Pourtant, si cette question est récurrente, elle connait un regain d’importance avec l’accès à des données de plus en plus granulaires, massives et comportementales. Nous verrons ici comment les biais de l’apprentissage machine en assurance renouvellent ou transforment ce questionnement pour rendre compte des technologies et des préoccupations sociétales actuelles : paradoxalement, alors que la plupart de ces biais ne sont pas nouveaux, la recherche d’une équité pour les contrer, elle, se transforme.

(sur la base d’un papier co-écrit avec Arthur Charpentier)

 

Les assurances et l’interdiction de discrimination au Québec (Me Marie Carpentier)

La Charte des droits et liberté de la personne du Québec interdit la discrimination fondée sur un des motifs prohibés dans la reconnaissance et l’exercice des droits et libertés qu’elle garantit. Elle prévoit cependant une exception spécifique à l’interdiction de discrimination en ce qui concerne les contrats d’assurance ou de rente, les régimes d’avantages sociaux, de retraite, de rentes ou d’assurance et les régimes universels de rentes ou d’assurance. La présentation portera d’une part sur le droit à l’égalité et, d’autre part, sur l’exception spécifique en matière d’assurances. Nous exposerons également certains des travaux de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, l’organisme chargé de veiller à la promotion et au respect des principes contenus dans la Charte, en la matière.

Comité scientifique

  • Marie-Pier Côté (Université Laval)
  • Arthur Charpentier (UQAM)

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